Le classement est toujours aussi serré, derrière le Paris Saint-Germain : Monaco reprend la 2ème place en renouant avec la victoire alors que Angers a perdu son 2ème match en 3 journées et que Nice, Saint-Etienne et Rennes ont tous gagné. A l’inverse, Caen recule de plus avec une nouvelle défaite.
Période des transferts oblige, je vais en profiter pour parler d’un des premiers départs du mercato français (et pour la plus grosse somme avec celui de Saivet à Newcastle) : le transfert de Claudio Beauvue au Celta Vigo.
Les matchs
Nice – Angers : 2 – 1
Toulouse – Paris Saint-Germain : 0 – 1
Troyes – Rennes : 2 – 4
Guingamp – Nantes : 2 – 2
GFC Ajaccio – Reims : 2 – 2
Bordeaux – Lille : 1 – 0
Bastia – Montpellier : 1 – 0
Lorient – Monaco : 0 – 2
Caen – Marseille : 1 – 3
Saint-Etienne – Lyon: 1 – 0
Cliquez sur les scores pour accéder aux simulations du match (en utilisant les ExpGoals).
Zoom sur
Claudio Beauvue est donc déjà reparti de l’Olympique Lyonnais, après seulement une demi-saison et 1281 minutes en Ligue 1 pour 5 buts et 2 passes décisives. On va essayer de faire le bilan de ses matchs pour Lyon et d’analyser ce qui a pu convaincre le club de Jean-Michel Aulas a le libérer aussi tôt.
Tirs
L’évolution de Beauvue en termes de volume de tirs saute aux yeux : l’attaquant guadeloupéen est passé de 2,10 tirs P90 (par tranche de 90 minutes) à 4,15 tirs P90.
Une évolution qui s’explique, notamment, par le passage de Guingamp, une équipe qui tire historiquement peu (9,4 tirs par match l’année dernière) à Lyon, l’équipe qui tire le plus en Ligue 1 cette saison avec 14,8 tirs par match. Un profil qui s’écarte du reste de l’équipe, pas habitué aux attaquants qui tirent beaucoup.
Il faut cependant se demander si cette augmentation du nombre de tirs est vraiment positive, son pourcentage de tirs cadrés a, lui, diminué alors qu’une plus grande proportion de ses tirs est bloqué, souvent signe de mauvais choix.
Quand on s’intéresse à l’emplacement de ses tirs, on s’aperçoit aussi que Claudio Beauvue tire plus souvent depuis l’extérieur de la surface par rapport à la saison dernière : 66,1% de tirs à l’intérieur de la surface avec Lyon contre 75,6% avec Guingamp (sur les matchs en tant qu’attaquant).
Expected Goals & Buts
Là aussi, Claudio Beauvue semble avoir progressé en passant de 0,31 Expected Goals P90, ce qui correspond à la moyenne de Ligue 1 pour les attaquants, à 0,42 Expected Goals P90, qui le place 5ème en Ligue 1 cette saison (minimum 10,0 P90). Comme pour les tirs, l’équipe y fait pour beaucoup, je pense.
Il s’est procuré nettement plus d’occasions nettes en ce début de saison, passant de 0,38 BigChances P90 à 0,63 BigChances P90 mais ça ne sait pas forcément reflété dans les buts inscrits. Il faut dire que son pourcentage de conversion de ces occasions a chuté de 66,7% de réussite, ce qui est très élevé, à seulement 33,3%, en-dessous de la moyenne qui est de 41,3%.
Ce qui, ajouté à l’augmentation du nombre de tirs, notamment lointains, a contribué à le voir avec un pourcentage de conversion de seulement 6,7%. Il lui faut donc un peu moins de 15 tirs pour marquer.
Les Expected Goals prévoyaient d’ailleurs que sa réussite devant le but allait diminuer mais pas forcément autant et il a probablement était en partie malchanceux sur ce début de saison. C’est probablement, en partie, les occasions nettes manquées qui lui vaut le désamour du public lyonnais même s’il était probable que ça aille en s’améliorant. Rare sont les joueurs qui maintiennent un tel niveau de méforme, ou de forme (voir Lacazette), d’une année à l’autre.
Dribbles
Tous les attaquants n’ont pas forcément besoin de savoir dribbler et ça dépendra de ce qui est recherché par l’entraîneur mais l’explosivité des joueurs offensifs lyonnais était une des réussites de l’équipe lors de la saison 2014/2015. Une qualité qui leur fait désormais défaut avec la vente de N’Jié, la blessure de Fékir et la baisse de rendement de Lacazette dans ce domaine là (1,18 dribbles réussis P90 et 41,3% de réussite).
Claudio Beauvue était dans la moyenne l’année dernière avec 1,08 dribbles réussies P90 et un pourcentage de réussite de 45,9% mais le style de jeu lyonnais, désormais moins axé sur les attaques rapides, a vu son nombre de dribbles pratiquement disparaître.
Un rôle que Cornet, même s’il est encore bien trop tôt pour juger, ne semble pas encore prêt à reprendre à l’inverse de Ghezzal qui affiche des chiffres exceptionnels sur le peu de minutes disputées cette saison : 5,09 dribbles réussis P90 et 63,6% de réussite.
Passes & Jeu Collectif
L’autre problème auquel Beauvue aura été confronté est son incapacité à s’intégrer au jeu lyonnais, que ce soit par son manque de sens collectif ou trop de déchet technique. C’est particulièrement le cas dans son association avec Lacazette avec seulement 2 tirs amenés par la combinaison de ces 2 joueurs.
Beauvue n’est historiquement pas un attaquant participant beaucoup au jeu et ça n’a pas changé avec son arrivé à Lyon. Concernant son pourcentage de passes réussies, j’ai déjà parlé d’un modèle permettant de mieux se rendre compte de la justesse technique d’un joueur en prenant en compte la difficulté des passes tentées : les Expected Passes.
Ainsi, Claudio Beauvue fait partie des rares joueurs lyonnais avec un pourcentage de passes réussies inférieur au pourcentage estimé et est même, avec pas mal d’avance, le plus mauvais dans ce domaine. Derrière lui, on retrouve Grenier qui a souvent fait preuve de déchet ou Lacazette qui paye un début de saison moyen de ce point de vue.
Ça n’est pas mieux quand il s’agit de créer des occasions pour ses coéquipiers (0,77 passes clés P90) et il est même en recul par rapport à l’année dernière en termes d’Expected Assists : 0,15 P90 avec Guingamp et 0,08 P90 avec Lyon. Seuls 6 joueurs font moins bien à Lyon (min. 100 passes) : Koné, Yanga-Mbiwa, Umtiti, Gonalons et Mvuemba. Pas vraiment des joueurs offensifs…
Conclusion
En conclusion, plusieurs raisons semblent avoir empêché Beauvue de s’épanouir à Lyon, à raison ou non. En premier lieu, la frustration de le voir trop tirer de loin et souvent au détriment de coéquipiers mieux placés. Ensuite, sa faible réussite sur les occasions nettes qui est rarement pardonné par les supporters. Auxquels on peut ajouter ses limites techniques et sa faible capacité à créer du danger par ses passes.
En plus de tout ça, il y a évidemment eu sa relation compliquée avec les supporters mais qui vient d’une frustration sur le terrain à la base. Le remplacement de Fournier par Génésio n’allait pas dans son sens non plus avec un changement de schéma auquel il n’était pas forcément adapté même s’il a beaucoup évolué sur les côtés.
Il est difficile de juger ce qu’était la volonté de la cellule de recrutement lyonnaise en achetant l’ancien guingampais mais certains chiffres auraient pu les inciter à la prudence. Il est toujours dangereux de recruter un attaquant après une seule saison vraiment réussie, surtout quand 6 de ses 17 buts (35,3%) en Ligue 1 ont été inscrit sur penalty. De la même manière, sa sur-performance par rapport aux Expected Goals aurait pu les pousser à faire attention, si c’était utilisé par le club.
Pour terminer, son profil assez différent du reste des attaquants lyonnais aurait pu être un plus mais il faut alors prévoir d’adapter le jeu collectif à une telle arrivée. Ce qui est, dans une autre mesure, un problème que l’on retrouve avec Valbuena voire Darder. A voir si Lyon retiendra la leçon…
Vous pouvez accéder au classement complet interactif par ici : Classement statistique (Ligue 1 – 21ème journée)
A la semaine prochaine !
Une réflexion sur “Tour statistique n°21 : Le cas Beauvue”