Tour statistique n°28 : Lyon vs Paris

Jeff Pachoud / AFP / Getty Images
Jeff Pachoud / AFP / Getty Images

Les clubs du haut de classement ont encore fait du sur-place : match nul pour Monaco, défaites pour Nice et Saint-Etienne, ce qui permet à des équipes comme Rennes ou Caen de se replacer dans la course à l’Europe. En queue de classement, Reims a obtenue une victoire précieuse contre Bordeaux.

Mais le principal match de cette 28ème journée était évidemment celui de dimanche soir entre Lyon et le Paris Saint-Germain qui aura vu les parisiens perdre pour la première fois. C’est là-dessus que l’on va s’attarder aujourd’hui.

Les matchs

Nice – Bastia : 0 – 2

Montpellier – Lille : 3 – 0

Troyes – Lorient : 0 – 1

Toulouse – Rennes : 1 – 2

Reims – Bordeaux : 4 – 1

Guingamp – Angers : 2 – 2

Nantes – Monaco : 0 – 0

Saint-Etienne – Caen : 1 – 2

Lyon – Paris Saint-Germain : 2 – 1

Cliquez sur les scores pour accéder aux maps des tirs / simulations du match (en utilisant les ExpGoals).

Zoom sur

Il aura donc fallu attendre 28 matches de championnat avant de voir Paris perdre un match de championnat, une performance remarquable, et leur prochaine défaite n’est probablement pas pour tout de suite même si Lyon a montré certaines des choses à faire pour bloquer les parisiens.

Historique

Le premier point important est que, cette saison, Paris n’avait jamais été dominé en termes d’Expected Goals : leur série d’invincibilité était assez logique sur ce point.

Mais c’était avant ce match où Lyon a obtenue une victoire tout à fait mérité et ne s’en ait pas sorti uniquement sur un coup de chance : dans les 100 000 simulations effectuées en utilisant les occasions obtenues par chaque équipe, Lyon a gagné dans 67,8% des cas.

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En ne concédant que 0,38 Expected Goals Contre, Lyon a fait mieux que n’importe quelle équipe face à Paris : ceux qui s’en rapprochent le plus sont Montpellier et Rennes avec, respectivement, 0,65 et 0,60 Expected Goals Contre.

Mais ces équipes s’était aussi créées très peu d’occasions avec 0,43 et 0,33 Expected Goals Pour et Paris avait fini par marquer. C’est le risque quand on fait un match uniquement défensif face à des joueurs aussi talentueux.

En attaque justement, une seule équipe avait réussie à plus bousculer Paris, dans un match très ouvert : Marseille avec 1,74 Expected Goals obtenues (dont 1 penalty). Mais les olympiens n’avaient pas trouvé l’équilibre entre attaque et défense et avaient concédé 3,83 Expected Goals (dont 2 penaltys).

Lyon a donc réussi à être efficace des deux côtés du terrain et on va essayer de voir plus en détails comment ils ont fait.

Cavani & Lucas

D’un point de vue défensif, Lyon avait clairement clairement ciblé Edinson Cavani et Lucas Moura comme des joueurs à surveiller, s’efforçant de limiter leur influence dans les zones dangereuses du terrain.

Pour ça, Lyon s’est concentré sur la défense du cœur du jeu, la zone préférentiel de Paris pour progresser sur le terrain, avec des joueurs de côté très recentrés dans les phases défensives. Ghezzal et Cornet avait donc comme rôle d’empêcher que les joueurs offensifs parisiens reçoivent le ballon dans l’axe du terrain.

cavani_lucas

Une mission plutôt réussie quand on regarde les ballons reçues dans le jeu par Cavani et Lucas. C’est d’autant plus nette concernant la première mi-temps où les joueurs lyonnais sont restés extrêmement disciplinés et concentrés. Les joueurs parisiens ont donc dû s’isoler sur les côtés pour recevoir le ballon, là où il est plus facile de défendre.

En deuxième mi-temps, Lucas a cherché à se déplacer un peu plus sur la largeur et profiter de quelques relâchements lyonnais mais n’a pas eu beaucoup plus de réussite. C’était d’autant plus important connaissant sa capacité à accélérer le jeu parisien.

La réussite du plan lyonnais se retrouve dans plusieurs chiffres. Tout d’abord, la hauteur des ballons reçues par les deux joueurs parisiens : sur ce match, Cavani est à une hauteur moyenne de 58,2 mètres et Lucas à 57,7 mètres alors que leurs chiffres habituels sont de 64,8 mètres et 64,3 mètres.

Ensuite, les passes reçues dans la “Danger Zone” (en rouge sur le graphique), la zone d’où les occasions les plus nettes proviennent : 3 passes reçues par Cavani et 1 seule pour Lucas contre une moyenne de 5,0 et 3,1 passes reçues habituellement.

Au final, Cavani a terminé le match avec aucun tir au compteur et Lucas 2 tirs même si ce dernier réduira l’écart pour Paris. Le but de Lucas Moura vient d’ailleurs d’un ballon récupéré dans cette zone.

En contrepartie, Lyon avait décidé de laisser les latéraux parisiens totalement libres mais ils n’ont pas réussi à profiter de ce temps de possession pour apporter le danger. De ce point de vue, les capacités de percussion de Kurzawa et Aurier ont manqué à Paris.

Ibrahimovic

Zlatan Ibrahimovic était évidemment l’autre énorme danger côté parisien et Lyon a fait le choix de le bloquer en coupant les transmissions vers l’attaquant suédois.

Matchs % Passes vers l’avant Passes reçues Distance passes reçues (m) % Passes réussies
1 à 27 50,4% 55,0 16,9 79,3%
28 28,6% 25,0 23,0 56,0%

Avec 25 passes reçues, Ibrahimovic est très loin de ses matchs précédents et son influence sur le jeu parisien ne s’est pas autant ressenti que d’habitude. Non seulement il a eu du mal à réaliser des passes vers l’avant (28,6% contre 50,4% habituellement) mais il aussi eu plus de déchet dans jeu (56,0% de passes réussies contre 79,3%).

Autre particularité de ce match pour l’attaquant parisien, la distance moyenne des passes reçues. Le système défensif lyonnais étant bien en place, Paris a abusé des longs ballons vers l’avant pour tenter de sauter le milieu lyonnais en profitant des aptitudes physiques de Ibrahimovic.

Une stratégie qui a apporté quelques situations dangereuses pour Paris, ce qui a poussé Génésio à faire rentrer Koné pour contrer Ibrahimovic dans le domaine aérien.

Attaque lyonnaise

chancesEn dehors de son travail défensif, Lyon a aussi obtenu de bonnes opportunités. Derrière Ghezzal avec 5 tirs, on retrouve la paire Darder/Ferri avec, respectivement, 3 et 2 tirs.

Preuve que Lyon n’a pas hésité à projeter ses deux relayeurs vers l’avant pour profiter, notamment, des ballons récupérés haut dans le camp parisien.

Une activité qui ne devrait pas étonner les habitués du jeu lyonnais, Darder et Ferri étant parmi les milieux qui se projettent le plus dans la moitié de terrain adverse, comme on l’avait déjà vu précédemment.

C’est tout particulièrement le cas pour Darder qui est le deuxième milieu à se créer le plus d’occasions dans le jeu derrière Pasalic. Logique donc de le voir marquer et ça ne devrait pas être son dernier but de la saison.

En dehors des milieux lyonnais, Lacazette a fait un match particulièrement intéressant malgré le fait qu’il n’ait tiré qu’une seule fois au but. Il a réalisé 6 passes clés (dont 1 passe décisive) et, plus globalement, il n’a pas hésité à beaucoup se déplacer pour se rendre disponible et fluidifier la relance : c’est le joueur lyonnais qui a réalisé le plus de passes.

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Emplacement des passes reçues par Lacazette, dans le jeu.

Son entente avec Ghezzal a été productive, sur ses 8 passes vers la “Danger Zone”, 5 l’ont été pour l’international algérien. A l’inverse, sur les 4 passes de Ghezzal vers cette même zone, 3 étaient destinées à Lacazette.

Des combinaisons naturelles étant donné la tendance de Ghezzal à rentrer dans l’axe alors que Cornet a plus tendance à coller la ligne de touche. Un jeu qui penche très largement à gauche donc mais qui n’empêche pas Lyon de créer du danger en changeant de côté comme sur l’ouverture du score où Ghezzal et Lacazette combinent avant que ce dernier décale Cornet.

Une situation que l’on retrouve en quelque sorte sur le deuxième but où Lacazette et Ghezzal sont à nouveau dans la même zone avant qu’une passe ne soit adressée vers la surface, ici un centre de Rafael.

Conclusion

Au final, une victoire entièrement méritée avec un plan défensif réalisé à la perfection et des projections offensives dangereuses.

Une belle réussite de la part de Génésio qui aura aussi su répondre aux changements de Paris : entrée de Koné pour réduire le danger des longs ballons parisiens puis de Labidi après s’être rendu compte que Lyon avait plus de mal à défendre les côtés.

Vous pouvez accéder au classement complet interactif par ici : Classement statistique (Ligue 1 – 28ème journée)

A la semaine prochaine !

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