De retour en Europe, le Stade de Reims est devenue une valeur sure du championnat. Passage en revue dans cette série d’articles previews à l’entame de la saison.

Bien qu’elle soit sans doute la seule à pouvoir légalement utiliser cette appellation, l’équipe entraînée par David Guion ne pratique pas vraiment ce qu’on appelle un football-Champagne. Pour autant, en seulement 2 saisons depuis son retour dans l’élite, le club au glorieux mais désormais lointain passé a su déployer une stratégie efficace, basée sur un pragmatisme raisonné, sur et en dehors du terrain.

En témoigne un mercato déjà bouclé à l’heure où certains prospectent encore fébrilement.

 

Une équipe bâtie sur sa défense

Nul besoin de statistiques avancées pour voir la caractéristique première de Reims. Elle est de loin la meilleure défense du championnat. Seulement 21 buts encaissés en 28 matchs. C’est loin devant ses deux dauphins, Rennes et le PSG (24 buts encaissés).

Cette efficacité défensive s’explique avant tout par la qualité de son gardien, Predrag Rajkovic.

Les post-shot xG sont un outil essentiel pour évaluer la qualité d’un gardien. À la différence des xG classiques, ils tiennent compte de paramètres postérieurs au tir (d’où leur nom…) comme la trajectoire du ballon (est-ce qu’il est cadré ?). Ils nous renseignent ainsi bien mieux sur la dangerosité des frappes auxquelles le gardien est confronté.

Un moyen de quantifier la performance d’un gardien consiste alors à calculer la différence entre les post-shots xG et les buts effectivement encaissés. À ce jeu, Rajkovic est simplement le meilleur gardien de Ligue 1 avec Larsonneur. Les deux ont ainsi épargné environ 8 buts à leurs équipes respectives.

Même si la comparaison n’est pas toujours pertinente, on notera que Navas est à -1.9 buts, Mandanda qui sort d’une saison aboutie émerge à +1.2 buts. Ruffier, récemment mis à pied par l’AS Saint-Etienne, ferme la marche de ce classement avec un score peu flatteur de -9.6 buts.

L’assurance de conserver ce gardien d’exception une saison supplémentaire constitue une excellente nouvelle pour le Stade de Reims.

Même en occultant la performance de leur gardien, Reims compterait encore parmi les meilleures défenses du championnat. Yunis Abdelhamid, défenseur central et joueur le plus utilisé cette saison vient de terminer 3e au classement des meilleurs joueurs Africains. Son comparse dans l’axe, Axel Disasi, seulement 22 ans, attire les convoitises (Monaco, Marseille, Arsenal notamment).

Avec Rajkovic, ils forment la base du 11 de David Guion :

Conséquence directe de son assise défensive, Reims est l’équipe de Ligue 1 avec laquelle on voit le moins de buts par match, 1.7 en moyenne. C’est même l’équipe la plus aride des 5 grands championnats (calculs pré-Covid). Elle devance notamment l’Atletico Madrid, référence en la matière, qui pointe à 1.9 buts.

En regardant une visualisation d’ensemble, Reims tranche clairement avec le reste du troupeau de la Ligue 1. Elle est la seule équipe à rester en dessous du seuil des 2 buts par match.

 

Un fond de jeu attentiste et opportuniste

Le Stade de Reims défend bien donc. Avec le ballon, c’est souvent plus brouillon. En classant sommairement les différentes équipes de ligue 1 en fonction de quelques caractéristiques de leur jeu de passes (type de passes (courtes, moyennes ou longues) et pourcentage de réussite pour chacun de ces types), Reims se trouve dans le ventre mou ; pas dans le plus mauvais cluster (Toulouse, Amiens, Metz, St-Étienne), mais pas dans les meilleurs (Marseille, Monaco, Nice, Lyon ou le PSG).

De manière générale, l’équipe est plus à l’aise lorsqu’elle n’a pas la balle. Face à des équipes supposées supérieures, elle se contente souvent de laisser le cuir et d’attendre son heure.

… Avec une réussite insolente en 2019-2020 :

David Guion mise sur la capacité de son bloc à rester compact en phase défensive et privilégie un redéploiement rapide lors des phases offensives.

 

Une efficacité toute relative

L’équipe se délite souvent sur des phases de constructions trop longues et la finition pèche. Reims est une des plus mauvaises équipes si on considère le taux de réussite sur ses tirs.

La faute à des positions de tir souvent trop éloignées, voire désespérées. C’est la limite d’un système en 4-2-3-1 avec le seul Boulaye Dia en pointe. Incapable de pénétrer la surface adverse autrement qu’en contre-attaque ou par des centres, l’équipe en est souvent réduite à des tirs lointains.

 

Conclusion

S’il y a une certitude pour Reims sur la saison à venir, elle concerne la défense. L’équipe devrait encore compter parmi les meilleures du championnat.

En revanche, comme de nombreuses équipes de Ligue 1, Reims reste gauche lorsqu’elle doit faire le jeu et préfère procéder en contre-attaques ou sur les côtés. Au vu du mercato tourné vers l’offensif, l’encadrement semble conscient des manques de l’équipe. Des profils comme Kaj Serhuis (ex-Ajax) ou Valon Berisha (ex-RB Salzbourg) sont alléchants sur le papier. Pour Serhuis, il s’agira de faire au moins aussi bien que Boulaye Dia s’il venait à partir.

Dernière interrogation, l’Europe. Avec la victoire du PSG lors de la finale de la coupe de la Ligue, Reims est qualifié in extremis pour la Ligue Europa. Une consécration pour une équipe promue il y a seulement 2 saisons, mais également un risque.

Données : StatsBomb/FBref et Understat

Article écrit par Nicolas Mondon (@n_mondon)
serac.io

Le reste des previews est accessible ici : Previews Ligue 1 : Sommaire