Dans cette série d’articles previews sur la saison 2020/2021 de Ligue 1, il est l’heure de parler de Nîmes.
La saison du Nîmes Olympique s’est terminée à point nommé, ce qui assure aux crocodiles leur place en Ligue 1 pour une troisième saison consécutive. En effet, cette place de 17ème était loin d’être acquise à la trêve mais les nîmois ont su retourner la tendance tant en terme de résultats qu’en terme de performances comme le montre leurs cumuls de xG créés et concédés.
L’avenir de Blaquart semble scellé loin des Costières ce qui pourrait se traduire par une approche et des plans de jeux différents lors de la saison à venir. Quoi qu’il en soit, regardons en détail les forces et faiblesses de l’effectif actuel gardois pour la saison prochaine.
Une attaque moyenne… mais en progrès
D’un point de vue offensif, Nîmes a mis en place une attaque moyenne en terme de performance, se classant 11ème pour la création d’Expected Goals hors penaltys.
Sans considérer – pour le moment – les performances défensives de l’équipe, ce niveau de production devrait théoriquement leur permettre de rester éloigné de la lutte au maintien. Cela est d’autant plus flagrant si on regarde les performances depuis la trêve.
En effet, c’est à la 5ème place que passent les nîmois sur les 10 matches de la phase retour qu’ils ont joué, ne laissant que le PSG, Bordeaux, Lyon et Monaco produire plus de dangerosité qu’eux.
Si Nîmes était dans le ventre mou des performances offensives sur la première partie de saison, les hommes de Blaquart ont clairement fait tourner la roue dans leur sens avec la nouvelle année.
Comment ce revirement s’est-il réalisé ? Les arrivées de Yassine Benrahou, Moussa Koné et Nolan Roux ont visiblement porté leurs fruits, peut-être même au-delà des espérances sur ce petit échantillon de matches.
Au jeu des NPxG P90, Nolan Roux se positionne comme étant le joueur (ayant joué au moins 450 minutes, soit l’équivalent de 5 matches) le plus influent sur l’ensemble de la saison.
Roux et Benrahou combinent même pour 0,52 NPxG p90, soit la moitié de ce que créaient les nîmois avant leur arrivée. Leur présence cumulée devant le but est en soit un facteur d’amélioration flagrant.
Et même si le contrat de Roux n’est pas renouvelé (la tendance serait à une prolongation), l’option suivante pourrait déjà être au club en la personne de Moussa Koné. Absent du graphique précédent par manque de minutes jouées, l’attaquant propose un NPxG P90 de 0,81. Si le sénégalais sait conserver ce type d’approche et propose des solutions de qualité devant le but, il devrait s’imposer rapidement à la pointe de cette équipe une fois adapté au football français.
D’ailleurs les promesses de l’ancien du Dynamo Dresde ne s’arrêtent pas là tant il se montre disponible dans la surface adverse avec 8,36 ballons joués P90.
Au niveau de la création des chances et de la progression haute du ballon, Benrahou est venu remplacer numériquement un Duljevic absent des dernières feuilles de match pour épauler Zinedine Ferhat. Lucas Deaux, Théo Valls et le côté droit Alakouch / Paquiez ont été les joueurs qui passent le plus le ballon vers le tiers offensif, signe d’un déséquilibre instauré par les hommes de Blaquart.
Le problème c’est qu’à l’heure où j’écris ces lignes, Théo Valls arrive lui aussi en fin de contrat et n’a pas prolongé et la clause de Benrahou n’a officiellement pas encore été levée.
Les décisions à venir dans ce secteur de jeu seront importantes pour les crocodiles.
Quant à ce qui concerne la progression du ballon de manière générale, les productions de Savanier et Ferri (en bleu dans le graphique ci-dessous) n’ont toujours pas été remplacées.
Les 5 joueurs nîmois qui font le plus progresser le ballon par la passe sont tous des défenseurs, à commencer par Alakouch, suivi de Briançon, Martinez, Paquiez et Miguel (qui forment le losange en dessous du duo montpelliérain).
Du mieux aussi en défense
De l’autre côté du ballon, les nîmois ont éprouvé des difficultés à prévenir le danger créé par leurs adversaires et c’est le facteur qui les a mis en danger au classement tôt dans la saison.
A ce titre, le classement des crocodiles est plus en ligne avec leurs performances défensives même si, comme pour le côté offensif, leurs performances se sont grandement améliorées sur la phase retour.
Le fait que les xG concédés se soient réduit peut provenir d’un volume de tirs autorisés moins important, de situations moins dangereuses concédées ou d’un mélange des deux. Dans le cas des nîmois, les deux aspects sont en jeu, avec une diminution des tirs autorisés (quasiment 2 tirs de moins autorisés par match) mais aussi avec une dangerosité moyenne réduite de 2% par tir.
On remarque toutefois une tendance qui demeure sur l’ensemble de la saison avec les buts concédés autour de la ligne des 6 mètres. Deux facteurs entrent en jeu, les duels aériens et la présence de Bernardoni dans sa surface.
Concernant la domination aérienne, Nîmes a une marge de progression intéressante, tant dans la distribution que dans l’efficacité.
En effet, Martinez et Briançon manquent d’efficacité dans le domaine avec des taux de réussite inférieurs à 60% et l’implication aérienne de Landre doit poser question (1,6 duels aériens P90). Ainsi c’est toute la base de la défense centrale qui montre des limites dans cet aspect du jeu.
Sidy Sarr fait office de tour de contrôle et le fait que Ripart et Denkey se situent en 2ème et 3ème position au niveau du volume de duels aérien peut poser question (rappelez-vous que ce sont les défenseurs qui font le plus progresser le ballon, signe d’un jeu plutôt long).
Au sol cependant, les nîmois cherchent à contenir les attaques adverses dès le milieu de terrain comme le montre la distribution des actions défensives “volontaires” (actions de pressing et de contest du ballon au sol).
Cette activité au milieu de terrain permet à Nîmes d’être la 3ème équipe qui démarre ses séquence de possession le plus haut cette saison à 46,2 mètres de leur but. Seuls Lille (47,6 m) et le PSG (48,9 m) font plus haut alors que la moyenne en L1 est de 44,1 m en 2019/20. Par rapport à la saison précédente (45,1 m), cela représente une légère différence pour les nîmois, ce qui compense quelque peu les manques évoqués en terme de progression du ballon.
Un but vide (pour le moment)
Enfin, du côté du dernier rempart, les gardois vont devoir remplacer Bernardoni qui après 2 prêts consécutifs vient de rejoindre Angers. Après une première saison remarquée dans le Gard, l’international espoir a marqué le pas cette saison en proposant des performance en-deçà du modèle face aux tirs.
Avec une efficacité face aux tirs de -0,07 P90, Bernardoni a basculé du côté négatif, c’est à dire qu’il a coûté des buts à son équipe. Plus exactement, il a coûté 1,6 buts sur l’ensemble de la saison selon le modèle qui évalue la qualité des tirs auxquels il a fait face. Cela fait de lui le 15ème gardien de Ligue 1 face aux tirs, loin de la 8ème place qu’il avait acquis l’année précédente avec 2,6 buts sauvés au dessus du modèle.
La presse annonce un intérêt pour Baptiste Reynet afin de remplacer le portier des espoirs tricolores. Le remplacement serait surtout numérique dans ce secteur du jeu car le portier toulousain est en déficit vis-à-vis du modèle depuis 2 saisons coûtant 4,9 buts puis 7,8 buts à son équipe sur les deux dernières saisons malgré un bon départ en 2018/19.
Sa doublure, Lucas Dias (non représenté dans le graphique pour manque de temps de jeu) a toutefois montré de belles choses, avec 1,2 buts sauvés au dessus du modèle en 316 minutes de jeu. De quoi en faire un titulaire ? Pas sûr.
Les autres aspects à regarder pour un gardien sont entre autres son jeu au pied et sa présence dans la surface.
Dans ces compartiments du jeu, Bernardoni a – au mieux – été moyen au cours de cette saison. En effet, “Bernie” est le gardien avec le plus faible taux de rétention de possession lorsqu’il joue long (au delà de 40 m) de toute la Ligue 1 avec 32,9%. Le meilleur à ce jeu là a été le montpelliérain Gerònimo Rulli avec un taux de rétention de 52,7% !
Dans les airs, Bernardoni n’a pas non plus fait de miracles. Avec un taux d’à peine plus de 8% de centres dans la surface captés, l’ex-nîmois est dans la norme, là où Alfred Gomis culmine à 14% à titre de comparaison.
Conclusion
Le NO a composé un effectif dont la moyenne d’âge était de 24,3 ans, troisième plus jeune effectif de Ligue 1 cette saison.
Parmi les joueurs ayant dépassé le pique d’âge, seul Roux est en fin de contrat ce qui signifie qu’à minima Deaux, Philippoteaux et Martinez devraient être de retour.
Parmi les joueurs qui sont dans la force de l’âge, Valls est en fin de contrat, Landre a encore une année de contrat et Rippart est lié au club jusqu’en 2023. Tous les autres sont sous contrat jusqu’en 2022.
D’autant que les latéraux Miguel et surtout Alakouch, qui devrait pouvoir encore progresser, seront eux aussi en fin de contrat en 2022. Cela promet beaucoup de discussions et négociations dans les 18 mois à venir.
Indépendamment des départs, les priorités nîmoises semblent être de concrétiser le prêt le Benrahou, installer un nouveau gardien dans les buts, réinventer un milieu plus efficace quant à la progression du ballon et potentiellement renforcer l’attaque avec de l’expérience. Le tout en améliorant l’efficacité aérienne de l’équipe. L’été va être intéressant.
Données StatsBomb/FBref et Opta
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