Previews Ligue 1 : Nice, partie 1

OGC Nice
OGC Nice

Dans cette série d’articles previews sur la saison 2020/2021 de Ligue 1, nous abordons aujourd’hui le cas de Nice.

Pour la cinquième fois consécutive, l’OGC Nice a terminé dans la première partie de tableau de Ligue 1, une première dans l’histoire du club. Ce classement, obtenu à la fois grâce à l’arrêt du championnat, le système des confrontations directes et une victoire 2-1 à la dernière minute d’un derby contre Monaco, est à la fois peu mérité et inattendu mais reste la suite logique d’un travail effectué depuis de nombreuses années.

Nice sera assurément l’un des clubs à suivre la saison prochaine, avec en prime une probable participation à la phase de groupes de l’Europa League, car c’est la première vraie saison sous le pavillon Ineos pour les Azuréens. En effet, l’an dernier, le rachat n’avait été officialisé qu’à quelques jours de la fin du mercato d’été et Jim Ratcliffe, première fortune du Royaume-Uni, n’avait pas encore placé tous ses pions. Ce sera chose faite cet été avec un budget mercato qu’on annonce à 80 millions d’euros.

Mais avant de parler du futur, il faut faire un point sur le passé et le présent.

 

Le Pat’ sans vraie patte

Malgré les changements de directions qui lui ont parfois donné envie de partir, l’entraîneur Patrick Vieira sera bien présent pour une troisième saison. De quoi déjà pouvoir tirer un premier bilan, annonciateur de la suite.

Il est cependant difficile de donner un schéma tactique préférentiel à l’ancien joueur d’Arsenal, celui-ci en ayant tenté pas moins de 13 au cours de la saison, allant du 4-3-3 au 3-5-2, en passant par son espèce de 3-6-1 avec quatre milieux axiaux en forme de carré.

Souvent critiqué pour son jeu, au point de voir certains supporters souhaiter son départ, on peut néanmoins considérer son style comme étant à la croisée des mondes, un savant mélange entre l’environnement déjà présent et ses origines.

D’une part, il est clair que le collectif puise son inspiration sur les trois années précédant l’arrivée de Vieira au coaching. Claude Puel puis Lucien Favre ont révolutionné le club et donné la marche à suivre au niveau du jeu à toutes les catégories de jeunes : une importance proéminente de la possession du ballon, des passes courtes et un minimum de risques possibles pris à la fois à la finition et à la construction.

On peut le ressentir dans les chiffres où Nice tente bien souvent de ressembler au PSG.

Avec 54,2% de possession en moyenne, la bande à Vieira compte la troisième moyenne de Ligue 1, derrière Paris et Lyon. En revanche, en terme de passes réussies (87,1%), le Gym est deuxième du championnat et même 7ème parmi les 5 grands championnats européens. Tout comme pour le nombre de passes courtes par match (479) même s’il faut bien avouer que ces deux classements sont intimement liés.

Une volonté d’assurer les transmissions qui se traduit aussi par le fait d’éviter les airs : avec seulement 21,7 duels aériens joués par match, Nice possède le deuxième plus petit total de France derrière Paris et le troisième d’Europe, bien loin derrière les 44,3 de Nîmes ou les 53,0 de l’Union Berlin. Le problème ne réside pourtant pas dans un problème de taille qui ferait défaut aux Rouge et Noir mais il s’agit bien d’un choix conscient et volontaire de jouer avec un minimum de risques.

Un minimum de risques aussi de donner des opportunités aux adversaires avec 10,5 fautes par match (20ème total FR). Enfin, un minimum de risques de pertes de balle avec une possession très basse. Tout comme c’était déjà le cas sous Favre, l’OGC Nice est l’équipe qui joue le plus dans son tiers défensif, avec 30% de l’action de ses matches.

Un jeu bas qui se reflète également au niveau défensif avec le troisième pire total en terme de “Deep Completions” adverses par match (6,07), c’est à dire les passes complétées à environ 18 mètres des buts niçois (centres exclus). Ainsi que par la deuxième hauteur de récupération moyenne la plus basse (32,84 m) de Ligue 1.

 

Une défense gruyère devant un roc fort

Lorsque l’on s’intéresse au Nice dirigé par Vieira, la comparaison entre les deux saisons est perturbante. En 2018/2019, les Aiglons possédaient la deuxième meilleure défense du championnat à égalité avec Paris, comptant seulement 35 pions encaissés au cours des 38 journées. En 2019/2020, Nice était déjà à 38 buts pris avec dix matches joués en moins, soit la 15ème défense.

Pourtant, l’équipe surperformait dans les deux cas, grâce à celui qui avait été élu meilleur joueur de la saison l’an dernier : le gardien Walter Benitez. Le portier argentin a atteint un niveau excellent sous Vieira et n’a connu que la surperformance. Après un différentiel buts – xGoals de -14,73 la saison dernière (meilleur total d’Europe), il est redescendu à -4,79. Ce qui reste la troisième meilleure différence derrière Larsonneur à Brest et Rajkovic à Reims.

Comment dès lors expliquer une telle chute ?

Une baisse de rigueur défensive face aux opportunités adverses, déjà. Les xG adverses ont augmenté de 1,38 (12ème total de L1) à 1,61 (18ème) par match. Le nombre de tirs a lui aussi augmenté (de 13,1 à 14,0 par match) tout comme la dangerosité des situations. Les Big Chances Contre sont passées de 1,8 à 2,0 et, surtout, les xG/tir ont progressé de 0,105 à 0,115.

Plus de tentatives adverses, de meilleure qualité et un gardien plus en difficulté, même s’il a fait mieux que limiter les dégâts en étant le gardien qui a le plus stoppé de tirs au total cette saison.

Quand on classe toutes les équipes dans les stats défensives, on retrouve souvent Nice en compagnie du voisin Monaco et des 5 dernières équipes au classement général, ce qui veut dire beaucoup. En étant plus terre à terre, il est intéressant de noter que les buts viennent rarement des phases de jeu construites (17 buts, soit moins que le PSG) mais les Rouge et Noir sont ceux qui en encaissent le plus sur contre-attaque (6 buts).

Deux explications sont possibles. D’une part, des milieux de terrain trop portés vers l’avant comme Cyprien et Lees-Melou qui délaissent leur défense ainsi que des ailiers peu enclins à défendre (style France 98, les attaquants défendent peu). L’autre étant la présence de Dante. Malgré son talent défensif et son sens de la relance, qui fait gagner plus de points qu’il n’en fait perdre, ses 36 ans bien tassés peuvent lui être préjudiciables quand il s’agit de défendre en reculant.

Ensuite, avec sept corners, deux coup-francs et cinq penaltys, les Azuréens sont la troisième équipe à avoir encaissé le plus de buts sur coups de pied arrêtés. Ironique quand on sait que Nice est de loin l’équipe qui commet le moins de fautes en France (10,5 par match).

Là, c’est peut-être l’inexpérience qui est à mettre en cause, car cela implique une équipe qui commet des erreurs d’inattention au marquage et des fautes qui amènent du danger. On peut d’ailleurs mettre en lien ceci avec le chiffre cité plus haut sur les contres. Une équipe avec plus d’expérience commettrait des fautes tactiques.

A priori c’est donc un défaut voué à disparaître avec le temps. Quand on énumère tous ces chiffres, il n’est pas étonnant de constater que les Niçois n’ont su garder que 4 clean sheets au cours de la saison : contre Reims (en supériorité numérique), deux fois contre Toulouse et à Brest (les Bretons avaient raté un penalty et touché deux fois les montants). Ni de voir que le score le plus fréquent au cours de la saison a été le 2-1, atteint à neuf reprises.

 

Des dribbleurs fous qui rentrent dans le cadre

C’est là qu’intervient l’autre face de Vieira. En effet, c’est un champion du monde 98. Et, mis à part un peu Laurent Blanc, on trouve des points communs aux joueurs de France 98 devenus entraîneurs. Une bonne assise défensive oui, mais surtout la grande importance donnée à la notion de groupe, de mental, de relations avec les joueurs, le fait de leur laisser la liberté créative sur le terrain, et de faire des différences individuelles.

Cela se traduit par de nombreux dribbles, 13 réussies sur 22,3 tentés par match. Là encore, les deuxièmes totaux derrière le PSG. Lors de sa première saison sur le banc niçois, Allan Saint-Maximin et Youcef Atal étaient les têtes d’affiche de cette équipe dribbleuse. Le premier étant désormais parti tricoter à Newcastle, il a fallu trouver de nouveaux joueurs et ça a été le cas, puisque deux recrues niçoises ont fait partie du top 12 des joueurs ayant réussi le plus de dribbles en Ligue 1. Deux ailiers (Adam Ounas et Alexis Claude-Maurice) à qui il faut ajouter Youcef Atal, également positionné sur l’aile.

Pour les aider dans leur tâche de donner le tournis, ces trois-là ont souvent joué en ailiers inversés. Impossible de centrer sur son mauvais pied ? Pas un problème, le but est de minimiser les risques. Tout comme à l’époque Puel, le Gym est l’équipe qui centre le moins en L1, à 14 reprises par match.

Cette volonté de laisser la liberté créative aux offensifs est un choix et peut se comprendre. Néanmoins cela donne des résultats fluctuants, surtout lorsque l’on dirige l’équipe la plus jeune d’Europe, et des joueurs parfois pas à leur top (Claude-Maurice, Ounas), blessés (Atal) ou tout simplement pas au niveau (Maolida).

Au final, les portes ouvertes derrière ont été plus que compensées par le talent offensif à l’avant. Quatrième meilleure attaque du championnat avec 41 réalisations, c’est la grande progression de l’ère Vieira. Les Aiglons avaient d’ailleurs dépassé leur total de la saison précédente dès le mois de février. Plus facile ceci-dit quand la performance de l’époque (30 buts) avait été au niveau des deux relégués en fin de saison. Sans véritable avant-centre, les xG avaient été de 13,45 au-dessus du nombre de buts réels alors qu’ils sont en-dessous cette année (-4,55).

Un changement qui trouve sa source dans la manière de tirer des Aiglons. Pourtant, ils ne prennent pas si souvent que ça leur chance : avec 12,1 tirs par match, on les retrouve aux alentours de la 10ème place de Ligue 1, au même niveau que Strasbourg et Dijon. La différence se fait au niveau de la précision. Avec, en moyenne, 4,6 tirs qui trouvent le cadre à chaque rencontre, seuls Paris, Monaco et Lyon font mieux. Les Alsaciens sont eux relégués à 4,0 tirs cadrés, et les Bourguignons à 3,6. Une différence qui se ressent sur le résultat brut et qui rappelle l’époque Puel-Favre.

On peut de plus noter que le club azuréen s’assure 1,9 Big Chance par match (4ème), soit 33% plus que la saison précédente. Avec une telle performance, Nice s’accorde le luxe de faire partie des équipes qui ont, en moyenne, plus de 10% de chances de marquer à chaque tir (0,107 xG/tir).

Cette qualité trouve plusieurs origines. Toujours dans l’idée de minimiser les risques, on remarque que 8% des tirs de l’équipe sont situés dans les 6 mètres adverses (10% à domicile), là où on a forcément moins de chances de ne pas cadrer.

8%, c’est aussi le pourcentage du total des buts de l’équipe qui proviennent d’un penalty. Merci Cyprien qui est impeccable dans ce domaine mais aussi aux dribbleurs, qui, par leur jeu de provocations, obtiennent de nombreuses fautes. Nice est d’ailleurs la 5ème équipe qui en subit le plus en Ligue 1 et qui tire le plus sur coup-franc direct (25).

On a souvent réduit les Aiglons à une équipe qui se basait sur les phases arrêtées pour gagner, ce qui est en partie vrai avec 14 buts, mais ce n’est qu’une des multiples armes dont peuvent se servir les Aiglons pour marquer. Ils sont avant tout très polyvalents et efficaces. Deux adjectifs qui conviennent parfaitement au fer de lance de l’attaque niçoise, un joueur de grande classe, dont le nom n’a pourtant toujours pas été cité…

Mais ça, ce sera pour le prochain article qui se penchera plus sur les individualités qui composent le collectif niçois.

Article écrit par Antoine Sabatier (@AntSabatier)

Le reste des previews est accessible ici : Previews Ligue 1 : Sommaire

2 réflexions sur “Previews Ligue 1 : Nice, partie 1

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