Ligue 1 : Tirer n’est pas gagner

Nice's football head coach Lucien Favre answers journalists' questions during a press conference on August 9, 2016, at the Allianz Riviera stadium, in Nice, southeastern France. / AFP / JEAN CHRISTOPHE MAGNENET (Photo credit should read JEAN CHRISTOPHE MAGNENET/AFP/Getty Images)
Jean-Christophe Magnenet / AFP / Getty Images

C’est toujours délicat de commencer à tirer des conclusions après seulement 4 journées. Je vais donc m’attarder sur la problématique plus globale qu’est l’importance ou non du nombre de tirs pour juger de la qualité d’une équipe. Est-ce qu’il suffit de tirer plus pour augmenter ses chances de victoire ? Un petit mot aussi sur le style Lucien Favre.

Tirer plus pour gagner plus ?

Régulièrement, une équipe ayant mitraillé le but adverse de tirs se retrouve à perdre un match qu’elle a largement dominé en termes de frappes tentées. Peuvent alors être blâmés le manque de chance, de réalisme voire un gardien ayant réalisé le match de sa vie.

Cette situation arrive plus souvent qu’on peut le penser. Après 4 matchs, on a déjà assisté à 5 équipes avec 20 tirs ou plus dans un match mais le bilan n’est pas glorieux : 2 victoires pour 3 défaites. Dans le même genre, il y a eu 19 matchs depuis le début de saison où une équipe a réalisé au moins 5 tirs de plus que l’adversaire : 7 victoires, 5 nuls et 7 défaites (1,37 points par match).

Outre le fait que tous les tirs ne sont évidemment pas égaux, l’influence de l’écart au score est énorme. Ça correspond au temps passé par une équipe dans les différentes situations possibles : 1 but d’avance, 2 buts d’avance, match nul, 1 but de retard, etc.

Article : Ecart au score

Les équipes qui courent après le score se mettent généralement à tirer plus alors que celles qui mènent se regroupent en défense. Plus de tirs donc mais depuis des positions moins bonnes, elles perdent la patience nécessaire à une attaque fonctionnelle.

Si on regarde les chiffres, les équipes derrière au tableau d’affichage sont à l’origine de 53,0% des tirs pendant qu’elles essayent de revenir à égalité. A l’inverse, celles qui sont devant au score ne prennent que 46.5% des tirs. Pourtant, les Expected Goals sont supérieurs pour les équipes en position de match nul ou victoire.

Si on reprend l’exemple des 3 équipes ayant perdu malgré 20 tirs, ou plus, dans le match, elles étaient à chaque fois dans une position délicate tôt dans le match. Derrière au score pour Angers contre Nice ou Metz et à égalité contre le promu dijonnais pour Lyon.

Tirs optimaux

Ceux qui suivent les évolutions récentes des statistiques dans le football (ou ce blog) commencent sans doute à être familier avec les Expected Goals mais il n’y a pas besoin d’aller aussi loin pour avoir plus d’informations sur la qualité d’un tir. En sélectionnant des “tirs optimaux” qui remplissent certains critères, on obtient une version simplifié et dont les données sont accessibles plus facilement.

  • Le premier critère, et sans doute le plus important, est de se concentrer sur les tirs effectués à l’intérieur de la surface : ces tirs sont convertis 14.4% du temps alors que ça tombe à 3.4% depuis l’extérieur de la surface.
  • Ensuite, les tirs dans le jeu sont une valeur plus sûr pour marquer des buts, moins imprévisibles et avec un taux de conversion plus élevé : 10% contre 8.7% pour les coups de pied arrêtés.
  • Si on se limite effectivement à l’intérieur de la surface, les tirs du pied (15.6% de réussite) sont assez nettement plus efficaces que les têtes (11.3%).

En combinant ses paramètres, on a donc une mesure simple des tirs particulièrement dangereux que se procurent les équipes. Sur les 13 matchs depuis le début de saison où une équipe a réalisé au moins 4 tirs optimaux de plus que son adversaire le bilan est de 9 victoires, 2 nuls et 2 défaites (2,23 points par match).

opt-table
Classement après 4 journées selon la différence de tirs optimaux (Opt Diff).

La première place de ce classement ne devrait pas manquer de faire réagir. Il faut toutefois prendre en compte le calendrier avec déjà deux promus affrontés.

A côté de ça, Lyon affiche tout de même des chiffres convaincants grâce à son attaque malgré un total de points faiblard. La défaite contre Dijon tient notamment beaucoup au manque de réussite de Cornet. Une situation similaire à l’année précédente avant que Lyon rattrape son retard en deuxième partie de saison. Avec cependant de nombreuses blessures dans le secteur offensif récemment.

Nice en cas d’école

Le club de la Côte d’Azur est l’autre équipe qui saute au yeux quand on observe ce tableau. Même s’il est encore très tôt, on retrouve déjà certaines caractéristiques du Gladbach de Favre. En premier lieu, les niçois sont dominés en termes de tirs par leurs adversaires comme les allemands en 2014/2015. Mais ils font partie des meilleures équipes sur les tirs optimaux.

Ils ont aussi un pourcentage de passes réussies très élevé (85.6%, deuxième derrière Paris) malgré un pourcentage de possession que légèrement au-dessus de la moyenne. Une spécificité qui s’explique par plus de passes dans leur tiers défensif quand dans celui de l’adversaire. Une possession basse qui fait gonfler les chiffres, ce qui était déjà le cas à Gladbach.

Autre point commun, le faible nombre de centres. Avec 48 centres tentés, Nice est aujourd’hui l’équipe qui en réalise le moins en Ligue 1. Des similarités que j’adorerais pousser plus loin mais la non-prise en charge par StatsZone de la Ligue 1 cette année rend les choses compliquées.

Evolution par rapport à la saison dernière

Au premier abord, cette saison part sur les chapeaux de roues.

Si on regarde par rapport à la saison précédente au même stade, on a plus de tirs, plus de penaltys, plus de buts, etc. Mais le résultat est bien différent si on regarde plutôt les matchs équivalents de la saison 2015/2016. C’est à dire qu’on compare le Paris vs St Etienne de vendredi dernier au même match la saison précédente (victoire 4-0 de Paris).

Pour les promus, je me suis servis des équipes reléguées : Nancy = Reims, Dijon = Gazélec et Metz = Troyes. Ça permet de se faire une idée de l’objectif à atteindre pour se maintenir en Ligue 1.

Saison Tirs Penaltys Cadrés Surface Buts
4 premiers matchs 2016  915 16 317 533 106
4 premiers matchs 2015 900 6 304 507 81
Matchs équivalents 2015 1013 12 367 621 101

Sur les matchs équivalents, le début de saison actuel est en retard en termes de tirs, tirs cadrés et tirs dans la surface mais légèrement supérieur que ce soit sur le nombre de penaltys ou le nombre de buts. Si on préfère prendre en compte ce mode calcul, on peut imaginer qu’il n’y aura pas forcément de différence importante au final mais l’avenir nous le dira.

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