Ça fait un moment que je voulais me pencher sur l’impact des remplaçants, en termes d’Expected Goals pour commencer. Il est souvent accepté qu’un joueur frais peut faire la différence en fin de match mais qu’en est-il réellement ?
Première analyse
On va commencer par une première analyse rapide avant de souligner les limites de celle-ci. Prenons donc comme référence la saison 2015/2016 de Ligue 1, en retirant les statistiques des gardiens de but (chiffres accessibles sur whoscored.com).
Les titulaires ont contribué à 819 buts et 579 passes décisives en 636 767 minutes de jeu, soit un but ou une passe décisive toutes les 455 minutes en moyenne. Côté remplaçants, c’est 107 buts et 71 passes décisives en 44 300 minutes, soit un but ou une passe décisive toutes les 249 minutes.
Avec un rythme 1,83 fois plus élevé pour les joueurs entrés en cours de jeu, il serait facile de conclure que leur impact est extrêmement important mais certains éléments mettent en doute ces résultats.
Temps de jeu réel
La première chose qui pose problème c’est que WhoScored ne comptabilise le temps de jeu que jusqu’à la 90ème minute. C’est à dire qu’un joueur entré à la 85ème ne sera crédité que de 5 minutes de temps de jeu même si la rencontre a eu le droit à 3 minutes de temps additionnel. C’était notamment le cas de Ben Arfa lors du dernier match de Paris.
Ça peut rapidement avoir des effets importants sur les joueurs habitués à rentrer en fin de match et gonfler leurs statistiques. C’est évidemment aussi le cas pour les titulaires mais pas à un niveau aussi important. L’augmentation du temps de jeu est de 16,2% pour les titulaires et 23,4% pour les remplaçants en prenant le nombre réel de minutes.
Joueurs offensifs et écart au score
Autre élément à prendre en compte, la majorité des remplaçants sont des joueurs à vocation offensive. En effet, les attaquants et autres milieux offensifs représentent 63,1% des changements effectués en cours de match. Il ne serait donc pas étonnant de voir ces joueurs contribuer à plus de buts en moyenne que les titulaires.
Autre paramètre moins évident : l’écart au score. Ça correspond à la situation au tableau d’affichage (victoire, nul, défaite) de l’équipe qui fait entrer un remplaçant. Une équipe qui court après le score aura plus tendance à se lâcher offensivement (et inversement) et les statistiques s’en ressentent. Un joueur qui rentre alors que son équipe perd a plus de chance d’être mis en valeur.
Quel impact réel pour les remplaçants ?
Pour calculer plus précisément l’apport d’un joueur frais en fin de match, j’ai donc pris en compte tous ces éléments. Le but est de comparer, pour un même joueur, sa production en tant que titulaire ou non.
Pour ça, j’ai sélectionné les joueurs avec un minimum de 180 minutes en tant que remplaçant (entrés à partir de la 60ème minute) et 360 minutes en tant que titulaires, sur la saison 2015/2016. Ensuite, j’ai regardé leur apport en Expected Goals (tirs et passes clés) que j’ai séparé selon l’écart au score (victoire, nul, défaite).
Ça m’a donné un tableau comparatif avec, pour chaque joueur, le nombre d’Expected Goals par tranche de 90 minutes selon la situation au score lors de son temps passé sur le terrain. J’ai divisé le chiffre obtenu en tant que remplaçant par celui en tant que titulaire pour avoir un ratio de “dangerosité”.
Le résultat final est le suivant : les joueurs entrés en cours de jeu contribuent aux tirs de leur équipe avec un rythme 1,37 fois plus élevé et aux Expected Goals avec un rythme 1,65 fois plus élevé. Un impact qui semble donc bien vérifié mais si pas forcément aussi important qu’au premier abord.
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