Angers, toujours une surprise ?

Crédits : Jean-François Monier / AFP

Après une première saison qui les avait vu démarrer en trombe (3ème jusqu’à la 24ème journée), Angers continue tranquillement son chemin. Les projecteurs se portent moins sur eux mais il y a des raisons de penser qu’ils sont en progression.

Je vous conseille de commencer par lire mon précédent article sur Angers, je devrais y faire régulièrement référence. Leurs chiffres n’ont pas énormément bougés depuis celui-ci et la plupart des observations se sont confirmées sur la fin de saison.

Renouvellement en attaque

Commençons par ce qui a le plus changé, c’est à dire l’attaque angevine.

Avec 10,5 tirs par match en 2015/2016, seuls 3 équipes avaient été moins prolifiques en attaque : Montpellier, Nice et Bastia. Ce qui n’est pas forcément un souci comme l’a montré Nice (Tirer n’est pas gagner) mais c’est aussi le cas dans d’autres statistiques pour les angevins.

C’est donc ici qu’Angers a le plus fait évoluer son jeu en tentant beaucoup plus souvent sa chance : 13,2 fois par match, ce qui les place 3ème derrière Paris (13,5) et Lyon (15,4). Une évolution qui tient autant aux joueurs déjà présents au club qu’aux arrivées.

Manceau, Mangani, Sunu ou Ndoye ont tous nettement amélioré leur contribution aux tirs mais c’est 3 nouveaux qui dominent dans ce domaine. Ekambi (3,88 P90), Pepe (3,57 P90) et Diedhiou (2,83 P90) ont renouvelé un secteur offensif en difficulté. Les deux premiers se classant d’ailleurs dans le top 10.

A côté de ça, il  y aussi eu une grosse progression sur les tirs cadrés (de 3,4 à 4,2 par match) où seuls les clubs corses faisaient moins bien. Evolution cependant moins marquée sur les occasions nettes (de 1,3 à 1,4) et les Expected Goals (de 1,06 à 1,13).

Une amélioration qui ne s’est pas encore répercutée au niveau du tableau d’affichage avec un rythme de 0,94 buts par match cette saison contre 1,05 l’année dernière.

Une défense toujours aussi solide

Ces meilleurs prestations offensives ne semblent pas avoir écorchées la solidité défensive angevine. En dehors d’une légère hausse des occasions nettes (de 1,3 à 1,4 par match), tous les voyants sont au vert. Angers concède moins de tirs (de 11,1 à 10,1) et le même nombre de tirs cadrés (3,3 par match).

Là-aussi, les Expected Goals indiquent une progression avec une baisse de 10% : de 1,02 à 0,92 xGoals par match. Une de leur particularité était la qualité extrêmement faible des tirs adverses en moyenne : 0,092 xGoals par tir (2ème derrière Paris). Un chiffre similaire en ce début de saison (0,091 xG par tir).

Comme pour l’attaque, ces performances n’ont pas eu leur juste récompense : 18 buts encaissés contre 14,7 estimés. Après une deuxième partie de saison moins réussie, ils avaient terminé avec 51 points estimés et 50 obtenus (1,32 par match), un bilan logique. En 2016/2017, c’est 25 points estimés pour 19 finalement obtenus. Leur place semble être plus haut au classement.

Coups de pied arrêtés, sécurité

En dehors de sa défense très efficace, Angers a construit sa réussite sur une exploitation maximale des coups de pied arrêtés. Ça en avait fait l’équipe avec la plus importante proportion des Expected Goals obtenus sur ses phases de jeu. Pas étonnant quand on sait qu’ils ont une personne dédiée à cela :

“Depuis cinq ans, Pascal Grosbois a minutieusement étudié les coups de pied arrêtés, des grandes compétitions internationales aux compétitions de jeunes, pour recueillir des statistiques. Cet ancien milieu de terrain, qui a disputé plus de 300 rencontres de Ligue 2 et connu la première division avec Laval, a fait de ces actions sa spécialité, après plusieurs expériences d’entraîneurs en CFA2, en CFA et au Quatar notamment.”

Extrait de Comment regarder un match de foot ?

J’avais émis des doutes sur le fait que cet efficacité se maintienne, la réussite sur coups de pied arrêtés étant généralement volatile, et c’est effectivement le cas en ce début de saison.

Alors que ces phases de jeu représentaient 34,5% de leurs occasions en 2015/2016, ce chiffre est descendu à 22,8%. A l’inverse, dans le jeu, Angers est passé de 50,4% à 66,8%. Leurs chiffres d’Expected Goals étant meilleurs, on peut se dire qu’ils ont su diversifier leur attaque. Ou bien qu’ils pourraient faire encore mieux en ayant conservé cette particularité.

Le dernier rempart

Autre élément qui pourrait limiter Angers dans leur deuxième partie de saison, c’est le poste de gardien de but. Depuis le départ de Butelle, Stéphane Moulin peine à trouver son titulaire indiscutable.

Joueur Minutes Tirs subis xGoals subis Buts encaissés Arrêts% (BigChances) xG/Buts
Butelle 1805 46 12,3 10  25,0  1,23
Letellier 1603  70  18,6  20  52,6  0,93 
Michel  1227  37 10,4 13 20,0  0,80
Petric 471  20  5,9  57,1  0,99

Si vous voulez des détails sur la méthode employée, j’ai écrit un article là-dessus : Gardiens et Expected Goals.

Il faut faire très attention sur l’échantillon du nombre d’arrêts qui ne permet pas encore de dire si ce manque de réussite des gardiens angevins va continuer. Mais ce qui est sûr c’est qu’Angers n’a pas trouver de gardien capable de faire ce que réalisait Butelle.

En l’absence de Letellier sur blessure, c’est pour l’instant Michel qui a joué la majorité des matchs mais ça pourrait changer si la situation persiste.

Conclusion

Pour cette conclusion, j’aimerais déjà mettre en valeur le travail de Stéphane Moulin qui était probablement mon entraîneur de l’année la saison dernière. Son parcours ressemble en tout cas à un conte de fée footballistique. Après avoir réalisé la majeur partie de sa carrière de joueur à Angers, c’est lui qui leur permet d’accéder à la Ligue 1.

Le style qu’il a donné à Angers n’est pas le plus sexy mais il a su maximiser les qualités de son effectif. Coacher une bonne défense n’est pas facile et devrait être plus reconnu.

Ensuite, il y a la réussite de la cellule de recrutement. Il faut leur donner énormément de crédit pour les bonnes affaires réaliser en Ligue 2. J’avais déjà évoqué Ndoye, Saïss, Andreu, Ketkeophomphone, Traoré et Mangani.

Mais plus que la qualité des joueurs recrutés, c’est leur analyse des postes à cibler qui me plait. Ils avaient, par exemple, déjà essayé de corriger le manque d’un vrai titulaire en pointe avec le prêt de Yattara. Avant de continuer dans cette direction avec les arrivées de Diedhiou et Ekambi cette année.

Ils se sont remis en question et ont cherché à améliorer leur point faible, alors même qu’ils sortaient d’une saison réussie. Probablement parce qu’ils se doutaient qu’il serait compliqué d’avoir la même réussite sur coups de pied arrêtés ou au poste de gardien.

Toutes les statistiques sont celles avant la 17ème journée de Ligue 1.

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