Direction la capitale de la Bourgogne, Dijon, et le club phare de la région, le DFCO (Dijon Football Côte-d’Or) pour cette nouvelle preview.

Le DFCO s’apprête à débuter sa 6^ème saison en Ligue 1 et la 5^ème consécutive. Depuis l’accession en Ligue 1, le DFCO a toujours flirté avec la relégation, si l’on fait exception de la saison 2017-2018 où le club a fini 11^ème.

 

Dr Jekyll et Mr Hyde

La saison 2019/2020 s’est achevée par la force des choses mi-mars, sur une victoire ô combien précieuse de Dijon face à un concurrent au maintien, Toulouse. Quelques mois d’arrêt plus tard, la saison est définitivement stoppée et le DFCO obtient son maintien et peut se préparer pour une nouvelle saison dans l’élite du football français.

Mais que ce fut laborieux, voire chanceux, au regard de la saison du club et notamment son début de saison catastrophique : 4 défaites consécutives sur les 4 premières journées et première victoire enregistrée seulement à la huitième journée (fin septembre). Mais il faut le dire, ce début de saison difficile ne se reflète pas réellement dans les stats avancées et notamment les Expected Goals. Sur les quatre premières journées si Dijon avait marqué des points à chaque match cela n’aurait pas été usurpé.

Très clairement, durant cette saison 2019/2020, le DFCO c’était Dr Jekyll et Mr Hyde ! Ainsi nous avons vu de bonnes performances à domicile avec seulement 2 défaites en 14 matchs joués (seul Paris fait mieux) qui placent Dijon avec des équipes telles que Lille, Montpellier, Reims, Brest ou Marseille. Dijon est 11^ème à domicile avec 24 points collectés.

En revanche à l’extérieur c’est la soupe à la grimace, 19^ème équipe avec seulement 6 points glanés : 1 victoire, 3 nuls et 10 défaites. Seul Toulouse a un pire bilan à l’extérieur…et ils ont fini en Ligue 2.

La situation est finalement à l’image de la saison du club : en dents de scie et au mieux laborieuse… Il n’en demeure pas moins des motifs de satisfaction et tout n’est peut-être pas si sombre.

 

Une ossature solide

Le club a intégré de nombreuses nouvelles recrues et nombre de celles-ci se sont installées dans l’ossature de l’équipe. Ecuele Manga et Ndong sont ainsi vite devenus des indispensables et sont de loin les joueurs les plus utilisés par Stéphane Jobard avec plus de 90% des minutes disputées.

Baldé, Gomis, Mendyl, Chouiar ou Mavididi ont également su tirer leur épingle du jeu et ont été régulièrement aligné dans le 11 de départ. Ils ont également apporté un peu de jeunesse autour des principaux titulaires déjà présents au club, tous trentenaires ou presque : Chafik (32), Lautoa (31), Tavares (30), Alphonse (30), Amalfitano (29).

La bonne nouvelle pour la saison à venir est que, pour le moment, le groupe a assez peu évolué, notamment parmi les joueurs les plus utilisés.

Ainsi parmi les 11 joueurs les plus souvent alignés par Stéphane Jobard, neuf sont toujours présents à Dijon. Seuls Mavididi et Mendyl ont quitté la Bourgogne. Le premier ne souhaitait pas rester et a finalement rejoint Montpellier, quant au second, en prêt, il a retrouvé son club (Schalke 04). Les neufs autres, sauf surprise, devraient rester à Dijon et seront très certainement les hommes de base de la saison à venir.

NDLA : depuis, Julio Tavares est sur le départ et va rejoindre l’Arabie Saoudite, quelques arrivées sont venus étoffer le groupe (Panzo, Chala) et Olivier Delcourt promet d’autres arrivées prochainement notamment en attaque.

Lors de la saison passée, le DFCO a été l’une des équipes ayant une ossature de joueurs parmi les plus stables, 12 joueurs ayant disputés plus de 50% des minutes. Cela ne reflète pas pour autant un groupe restreint puisque 28 joueurs ont été utilisés ce qui en fait un des totaux les plus élevés du championnat.

Ce qui semble avoir manqué, et ce qui manque encore très certainement à l’aune de cette nouvelle saison, c’est un banc qui puisse apporter un peu plus de concurrence, qualitativement, et apporter des solutions plus diversifiées au coach.

Mêmes hommes, donc. Et très certainement même système de jeu. Ainsi, il est fort probable que l’on retrouve régulièrement le DFCO en 4-2-3-1 au cours de la saison à venir. Les premiers matchs amicaux disputés par Dijon semblent sans surprise révéler l’utilisation d’un 4-2-3-1 et d’un 4-3-3.

Au cours des précédents exercices le DFCO employait une palette de schémas tactiques un peu plus riche avec 2 ou 3 formations régulièrement utilisées. Mais cela s’est peu à peu appauvri et au cours de la saison 2019/2020, le DFCO n’a présenté que peu de flexibilité tactique avec une formation en 4-2-3-1 utilisée plus de 50% du temps, loin devant tout autre type de schéma. Une approche qui, bien entendu, peut se comprendre dans une logique de lutte contre le maintien.

Cette évolution se reflète également dans le jeu. Alors que le DFCO était plutôt une équipe joueuse lors de ses premières années en Ligue 1, celle-ci est devenue progressivement une équipe solide défensivement et très clairement le 4-2-3-1 largement utilisé cette saison n’y est pas étranger.

Cela est particulièrement flagrant si l’on étudie la tendance des ExpGoals Pour et ExpGoals Contre sur les 4 dernières saisons.

Très clairement sous l’ère Dall’Oglio, le DFCO comptait un plus grand nombre d’ExpGoals Contre, illustration d’une équipe qui ne fermait pas forcément le jeu.

La mutation s’est amorcée lors de la saison 2018/2019 et s’est nettement confirmée lors de la saison 2019/2020 avec Stéphane Jobard. En revanche, s’il y a un point sur lequel l’équipe n’a pas réellement évolué au cours de ses quatre saisons c’est sur l’animation offensive et les occasions créées.

En effet, le nombre d’ExpGoals Pour demeure relativement stable et à un niveau plutôt faible autour des 1 xG en moyenne, voire moins lors de la saison 18/19 et le début de saison 19/20.

 

Duel de gardiens ?

Si le Dijon de la saison 2019/2020 affiche une relative amélioration de sa solidité défensive, en dépit d’avoir la 14^ème défense de Ligue 1 (en nombre de buts encaissés), c’est clairement grâce à l’apport de son dernier rempart Alfred Gomis.

L’islandais Runarsson avait rejoint le club la saison précédente et s’était imposé dans les cages, disputant 25 matchs tous en tant que titulaire. Toutefois, au cours de cette saison galère achevée à la 18^ème place, il a fait le job mais il n’a pas suffisamment fait la différence : 1,76 buts encaissés par 90 minutes, 56% d’arrêts (1 tir cadré sur deux), 20% de clean sheet.

Des performances honorables mais qui ne le mettent clairement pas dans le top des gardiens de Ligue 1. Alfred Gomis arrive au démarrage de la saison 2019/2020 et c’est peu de dire qu’il va bousculer l’ordre établi. Après de belles performances à la CAN, Gomis va très vite s’imposer comme un dernier rempart efficace et incontournable.

Cette efficacité supérieure à Runarsson se retrouve très clairement en comparant les statistiques clés de nos deux protagonistes au cours de cette saison 2019/2020.

Entre la CAN en début de saison et deux blessures pour Gomis, Runarsson a tout de même gratté un peu de temps de jeu et ainsi participé à 11 matchs de Ligue 1 dont 9 comme titulaires. Ce qui nous donne un peu de matière pour notre comparaison.

Premier indicateur, et pas des moindres, il apparait une claire différence au niveau des buts encaissés par 90 minutes jouées : 1,11 pour Gomis vs. 1,70 pour Runarsson.

Alors, bien sûr, le bloc défensif a aussi son rôle à jouer mais, si l’on regarde le % d’arrêts effectués, là non plus il n’y a pas match. Gomis a stoppé 77% des tirs cadrés qui se sont présentés à lui contre seulement 63% pour Runarsson.

En revanche, Runarsson est au vu des statistiques un gardien plus offensif (ou qui prend plus de risques) que Gomis. Si l’on se penche sur les actions défensives effectuées en dehors de la surface, le gardien islandais en effectue deux fois plus souvent que Gomis. Ce dernier apporte certainement plus d’assurance et de cohérence avec le jeu de l’équipe dijonnaise.

Enfin, si l’on se penche sur la statistique avancée que sont les PsXG, on constate là aussi une meilleure performance du gardien sénégalais. Ainsi avec un PsXG – allowed goal par 90 minutes nettement positif, Gomis présente une capacité supérieure à arrêter les tirs adverses. A contrario, sur cet indicateur plus pointu, le gardien islandais présente une performance assez nettement négative de -0,28 et donc une « sous capacité » à arrêter les tirs de l’équipe adverse.

A nouveau, sur cet indicateur très révélateur de l’impact et de l’efficacité d’un gardien, Alfred Gomis se place parmi les tout meilleurs gardiens du championnat, à la 4^ème place, derrière de solides gardiens de notre championnat tels que Benitez, Rajkovic ou Larsonneur.

En effet, si l’on regarde sur cette saison le différentiel entre les Post Shot Expected Goals et les buts concédés, l’avantage va clairement au gardien sénégalais.

Les deux seuls trous d’air de Gomis durant cette saison, sur cet indicateur, sont les matchs où il s’est blessé, pour une période plus ou moins longue, et il a dû céder sa place à Runarsson à la mi-temps.

On pouvait s’interroger en début de saison sur la pertinence de recruter un nouveau gardien n°1. Mais il faut se rendre à l’évidence, Gomis est bien supérieur à Runarsson, en tout cas sur les résultats et l’efficacité présentés la saison dernière, quelque soit les indicateurs observés. Il sera très certainement le facteur X de la saison à venir pour le DFCO et un des piliers de l’équipe.

Dans la deuxième partie de cette preview, nous nous pencherons sur le bloc défensif du DFCO et sur le potentiel apport des nouvelles recrues ainsi que sur le chantier de l’animation offensive de l’équipe.

Article écrit par @CapyBet

Le reste des previews est accessible ici : Previews Ligue 1 : Sommaire