Parlons aujourd’hui de Brest. Dans cette première partie de preview, nous reviendrons sur les statistiques générales de la saison brestoise et nous nous focaliserons sur les joueurs clefs ayant permis d’assurer le maintien du club breton.
Le Stade Brestois 29 est enfin de retour en Ligue 1, après 6 ans à galérer au sein de la division inférieure. Ayant finit 2ème de Ligue 2, Brest n’a pas eu à passer par les barrages. En revanche, un cataclysme interne se produit : l’entraineur Jean-Marc Furlan, réputé et respecté pour son jeu de possession, a décidé de ne pas continuer l’aventure, laissant pantois et inquiets les supporters.
Pour le remplacer, les dirigeants font appel à Olivier Dall’Oglio, un coach ayant laissé des bons souvenirs à Dijon et promenant l’image d’un entraineur spectaculaire n’hésitant pas à chercher le déséquilibre sur le terrain.
Présentation de l’équipe
Un onze type vite dégagé
Le principal changement est donc l’arrivée du nouvel entraineur.
Côté joueurs, le mercato est relativement calme. Bien que 7 joueurs rejoignent le club, seuls 3 s’imposeront comme de véritables titulaires à savoir l’attaquant Ivan Cardonna et l’ailier Samuel Grandsir (tout deux venus directement de l’AS Monaco) ainsi que le latéral Romain Perraud, arrivé de Nice.
Si Paul Lasne, Alexandre Mendy et Jean-Kévin Duverne font partie intégrante de la rotation, ils ne sont pas pour autant indiscutables. La bonne nouvelle du mercato vient de l’achat définitif de Ibrahima Diallo, prêté la saison précédente et révélation de la Ligue 2.
Côté départs, c’est encore plus calme : seul le 3ème gardien du club part vers de nouvelles aventures. Brest a donc décidé de garder la même ossature globale.
Pour le système de jeu, Dall’Oglio décide de conserver le 4-4-2 de son prédécesseur même si l’animation (nous le verrons en seconde partie) est très différente. Au cours de la saison, Brest n’a que 12 joueurs ayant joué plus de 50% des minutes totales et n’aura utilisé que 24 joueurs. Seul l’OM fait moins avec 23.
Une équipe sans expérience
Si, comme on l’a vu, Brest a décidé de se baser sur son ossature de la saison précédente, elle prend le risque de ne pas se renforcer avec des joueurs d’expérience connaissant bien la première division (comme c’est souvent coutume chez les nouveaux promus).
En regardant le tableau ci-dessous, on peut remarquer que si Brest est une équipe relativement âgée (25.9 de moyenne d’âge soit la 3ème équipe la plus « vieille »), ses joueurs connaissent très peu le championnat.
Club | Âge moyen | Matchs de L1 par joueur |
---|---|---|
OGC Nice | 22.1 | 25.4 |
LOSC | 22.8 | 39.4 |
OL | 23.4 | 46.4 |
Reims | 23.6 | 21.9 |
Toulouse | 23.7 | 39.3 |
Metz | 24.0 | 26.1 |
Nîmes | 24.1 | 27.8 |
Bordeaux | 24.3 | 60.8 |
FC Nantes | 24.4 | 34.1 |
AS Monaco | 24.5 | 36.4 |
Rennes | 24.6 | 52.6 |
PSG | 24.9 | 42.7 |
ASSE | 24.9 | 76.6 |
Strasbourg | 25.0 | 49.1 |
Amiens | 25.0 | 51.5 |
Dijon | 25.3 | 48.4 |
Montpelier | 25.7 | 65.0 |
Brest | 25.9 | 22.9 |
OM | 26.0 | 86.5 |
Angers | 26.4 | 55.3 |
Avec une moyenne de moins de 23 matchs de Ligue 1 disputés/joueur, elle obtient la 19ème place du classement de l’inexpérience, seul Reims faisant moins bien. Pire, quand on regarde les équipes avec une moyenne d’âge supérieur à 25 ans, Brest se retrouve largué. Par exemple, si on prend les deux équipes les plus âgées, à savoir Marseille et Angers, on obtient respectivement 86.5 et 55.4 matchs joués/joueur.
En conclusion, si Brest a des joueurs dans son effectif ayant une assez longue carrière, la plupart l’ont connu dans les divisions inférieures et découvrent ou redécouvrent l’élite.
Statistiques générales de la saison
Un maintien vite assuré
Avec 35 points en 28 journées, Brest a assuré tranquillement son maintien et n’a jamais eu le temps de véritablement trembler. Avec 5 points dès les 3 premiers matchs, il faut dire que la confiance était là d’entrée.
Si on regarde l’évolution du classement au fil des journées, Brest ne se sera retrouvé qu’une seule fois dans la zone rouge : une 18ème place de barragiste occupée à la 8ème journée mais très vite effacée, puisque 3 victoires plus tard Brest se retrouvait 5ème (11ème journée), soit son meilleur classement cette saison.
A partir de la 13ème journée, on remarque que Brest oscille jusqu’à la fin de saison entre la 12ème et la 15ème place : s’ils n’ont pas pu réellement espérer accrocher la première moitié du tableau, les finistériens ont assuré pour leur retour dans l’élite.
Une équipe qui assure à la maison et contre les petits
Si le maintien a été acquis tranquillement, Brest le doit avant tout à sa solidité dans son enceinte Francis Le blé. Brest a ainsi conquis 71% de ses points à domicile (soit 24 points sur un total de 34). Le nombre de défaites à la maison est égale… au nombre de victoires à l’extérieur, à savoir 2.
Quand on regarde le nombre de buts marqués et encaissés, la différence saute encore plus aux yeux : avec 21 buts marqués pour 11 encaissés dans son stade, Brest n’en a marqué que 13 et encaissé 26 hors de ses bases. On passe donc d’une différence de buts de +10 pour les matchs à la maison à… -11 à l’extérieur.
Le tableau ci-dessous résume le classement à domicile et l’extérieur du Stade Brestois. On remarque que si Brest semble un assez bon élève offensif même loin de chez lui, a contrario la défense semble totalement perdue éloignée de son terrain de prédilection.
À domicile | À l’extérieur | Global | |
---|---|---|---|
Général | 9ème | 15ème | 14ème |
Attaque | 8ème | 10ème | 10ème |
Défense | 5ème | 16ème | 13ème |
Diff de buts | 6ème | 14ème | 12ème |
On parle souvent de match « qui compte double » lorsque l’équipe luttant pour sa survie affronte une autre équipe en difficulté. Si l’adage dit vrai alors Brest a souvent vu double cette saison. En effet, les matchs contre les concurrents directs ont souvent été très bien négociés (4 points contre Toulouse, Dijon et Saint-Étienne, 6 contre Amiens, etc).
En regardant de plus près, Brest a pris 68% de ses points contre les équipes de la seconde partie de tableau (23 points en 15 matchs contre les équipes entre 10 et 20 contre 11 points en 13 matchs contre les équipes du top 10).
Si Brest veut aller plus haut cette saison il sait ce qu’il lui reste à faire : trouver une meilleure assise défensive à l’extérieur et accrocher quelques gros.
Une équipe imprévisible
En tant que supporter de Brest, mieux ne vaut pas être cardiaque. En effet, si l’on dit souvent qu’un match de foot dure 90 minutes, c’est encore plus vrai pour Brest pour qui les retournements de scénario sont monnaie courante.
Quelques petits chiffres pour l’illustrer : 14 matchs sur 28 ont vu le score changer après la 75ème minute (soit 50% des matchs !) et, mieux encore, 10 sur 28 ont vu le résultat du match changer dans le dernier quart d’heure (soit 36%, record en L1 en 2019/2020).
Deux matchs résument cela : Marseille-Brest, où l’OM mène 1-0 avant le dernier quart d’heure, se fait rejoindre à la 88ème pour finalement l’emporter à la 89ème et TFC-Brest, où les bretons menés 2-1 à la 73ème minute vont finalement l’emporter… 5 à 2.
Au total, si Brest a perdu 6 points dans le dernier quart d’heure, ils en ont aussi gagné 11. Le « money time » leur sourit donc mais mieux vaut aimer les pics d’adrénaline.
Le spectacle est souvent au rendez-vous, deux statistiques pour le confirmer : 18% des matchs de Brest cette saison ont vu les deux équipes (Brest et son adversaire du soir, donc) marquer chacune minimum 2 buts. Et Brest a inscrit minimum 2 buts lors de 36% de ses rencontres disputées.
Une équipe joueuse
Nous avons déjà vu plus haut que Brest, pour un promu, est une équipe qui marque plutôt beaucoup, à domicile comme à l’extérieur.
Nous reviendrons dans une deuxième partie sur les circuits de jeu et la prise de risque permettant un tel score mais nous pouvons déjà voir que Brest marque la quasi-totalité de ses buts dans le jeu ! Sur 34 buts marqués, seul 4 l’ont été sur phase arrêtée. Brest est ainsi l’équipe de Ligue 1 inscrivant (en proportion) le plus grand nombre de buts sur des actions de jeu, avec plus de 88% de ses buts marqués de cette manière.
Buts | Buts encaissés | xGoals | xGoals encaissés | |
---|---|---|---|---|
Dans le jeu | 30 | 27 | 22.87 -7.13 | 29.39 +2.39 |
Sur corner | 3 | 4 | 3.82 +0.82 | 5.46 +1.46 |
Phase arrêtée indirecte | 0 | 2 | 1.29 +1.29 | 4.23 +2.23 |
Coup-franc direct | 0 | 0 | 0.34 +0.34 | 1.22 +1.22 |
Pénalty | 1 | 4 | 3.80 +2.80 | 4.56 +0.56 |
En regardant les Expected Goals obtenus, on remarque que Brest est inefficace sur les coups de pieds arrêtés offensifs (avec un différentiel par ex de 0.82 entre but attendu et but inscrit sur corner et de 2.80 sur penalty).
Les xGoals dans le jeu les classent en revanche parmi les 5 meilleures élèves de L1 avec plus de 7 buts inscrits en réalité par rapport à ceux attendus ! A l’inverse, les xGoals encaissés montrent un Brest inefficace dans toute les phases de jeu défensives.
Les joueurs clefs de la saison
Même si certains joueurs, comme Yohann Court (meilleur passeur du club), auraient pu être cité, j’ai décidé de me concentrer sur 3 points :
- le gardien Gautier Larsonneur, auteur d’une saison épatante ;
- le duo Diallo-Belkebla au milieu ;
- le duo Cardona-Charbonnier en attaque.
Si j’ai décidé de me concentrer sur deux duos, c’est essentiellement pour étudier la complémentarité de ces binômes, acteurs clefs du maintien.
Un gardien performant
Si on a vu que Brest n’était pas forcément un bon élève défensif, que serait-il advenu sans la saison de son ultime rempart. Le gardien des espoirs français a brillé tout au long de la saison.
Avec 76.1 % de tirs cadrés arrêtés, il se classe troisième des gardiens de L1 derrière les excellents Mendy (Rennes) et Rajkovic (Reims).
Mais surtout, comme le montre le graphique ci-dessous, Larsonneur est le numéro 1 sur les « Post-Shot xGoals » qui représentent le différentiel entre les buts attendus après un tir adverse et les buts réellement encaissés : il fait donc beaucoup d’arrêts mais des arrêts souvent compliqués.
Possédant également une bonne relance au pied comme à la main (respectivement 81% et 88% de réussite) et solide dans les airs, Larsonneur a donc tout du gardien moderne.
Le duo régulateur du milieu
Si Brest attaque souvent en surnombre, la perte de balle peut faire très mal. Pour éviter des transitions adverses trop dangereuses, Brest s’est appuyé comme la saison précédente sur un milieu performant en double pivot composé de l’international Algérien Belkebla et de Diallo (frère d’Abdou, le défenseur du PSG).
Si les 2 joueurs semblent selon les statistiques avoir un apport dans le jeu assez équivalent avec une cinquantaine de ballons touchés par match, 85% de passes réussies et un peu plus de 60% de passes joués vers l’avant chacun, leur différence est avant tout dans leur jeu défensif.
Diallo s’occupe des duels en montant un peu plus sur le terrain afin de se frotter aux fameux seconds ballons. Belkebla, lui, régule par sa science du placement : un peu en retrait il est avant tout dans l’anticipation et la fermeture des espaces.
C’est ce qui fait la grande force de ce milieu remarqué : Diallo est d’ailleurs suivi par de nombreux clubs étrangers et Belkebla par des clubs du top 5 Français.
Les statistiques confirment cela : avec 57.7% de duels aériens remportés, Diallo est bien plus efficace que son compère qui n’en remporte que 30.2%.
En revanche Belkebla, par son placement, intercepte environ 2 fois plus de ballons que son coéquipier (2.49/match vs 1.27). Il fait parti des 4% les plus efficaces dans ce domaine parmi les 5 grands championnats européens.
Un harceleur qui va au duel, un joueur plus en retrait qui coupe les trajectoires de passes adverses, 2 excellents tacleurs : la recette est simple mais terriblement efficace.
Un duo offensif atypique
Charbonnier et Cardona forment un duo atypique et fort complémentaire. Tellement importants mais pesants peu sur le nombre de buts inscrits. Avec, respectivement, 4 buts en 25 matchs et 6 en 21 matchs, le duo est un des moins prolifique de Ligue 1.
Si Charbonnier pèse avant tout par sa présence physique dans les 2 surfaces, qui lui permet de se créer beaucoup d’occasions, il est en revanche maladroit dans la finition. Malgré une technique qui lui permet de combiner avec ses partenaires, sa grande carcasse ne fait pas de lui un dribbleur (0.96 dribbles réussis par match) ou un joueur de rupture.
Au contraire, Cardona, bien que ce ne soit pas un dribbleur non plus (0.83 dribbles réussis par match), est un joueur d’appel. Sa vitesse et son intelligence de déplacement lui permettent souvent de se retrouver en bonne position dans la surface adverse (4.44 ballons/match touchés dans cette zone).
S’il ne marque pas beaucoup, il n’est pas pour autant un mauvais finisseur. En effet, si Charbonnier réalise une des pire saison de sa carrière dans le réalisme avec un xG (6.55) supérieur de 2.55 aux buts marqués, Cardona affiche lui une différence xG – buts à -0.77 (6 buts marqués contre 5.23 attendus).
Le graphique ci-dessus montre que Cardona est ainsi dans les 6% les plus efficaces dans ce domaine en Europe (Non-Penalty xG dans le 94ème centile) tandis que Charbonnier fait partit des cancres (87% des attaquants des 5 championnats principaux font mieux que lui).
Cardona excelle également dans le pressing comme le montre le graphique (Successful Pressures dans le 77ème centile).
Si le duo marque peu, c’est aussi qu’il tire peu : avec 2.96 tirs par match pour Cardona et 2.12 pour Charbonnier, ils ne prennent pas beaucoup leur chance pour des attaquants.
Le danger, on le verra plus tard vient essentiellement des ailiers rentrant dans l’axe et des débordements constants des latéraux. Cardona et Charbonnier jouent le rôle d’écarteurs d’espace, l’un demandant l’attention des défenseurs par ses déplacements incessants et un pressing tout terrain, l’autre étant un point de fixation.
En deuxième partie , nous nous pencherons sur l’animation offensive comme défensive du Stade Brestois 29 et nous ferons un petit focus sur les nouvelles recrues ainsi que sur les attentes pour 2020/2021.
Article écrit par @pastore279227
Le reste des previews est accessible ici : Previews Ligue 1 : Sommaire